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La mère d’une caissière a malencontreusement utilisé la carte de fidélité réservée à sa fille. Résultat ? Trois euros de « préjudice» pour le magasin et mise à la porte de l’employée ! Manque de bol, cette dernière ne s’est pas laissé faire...

Ils sont bien embêtés chez Auchan. Depuis une semaine, le mastodonte de la grande distribution se contorsionne pour éteindre l’incendie médiatique autour d’une affaire de licenciement retentissante. Imaginez : une jeune caissière virée illico d’un magasin du groupe pour avoir causé, involontairement, un préjudice de... 3 euros. C’est pourtant la mésaventure arrivée à Adélaïde, une étudiante à la fac d’Amiens qui rentre tous les week-ends chez ses parents et travaillait neuf heures chaque samedi au supermarché de Péronne (Somme) pour payer ses études.

Pendant dix-huit mois, la direction de cet établissement n’a pipé mot. Rien à redire. Jusqu’à ce jour de septembre 2012. Sa mère doit organiser un pot de départ pour l’association dont elle s’occupe. Elle se rend au supermarché où travaille sa fille et réalise une trentaine d’euros d’achats. Au moment de régler, elle donne machinalement la carte de fidélité de sa fille pour créditer les points. Fatale erreur. Car la maman n’aurait jamais dû se trouver en possession de ladite carte. Réservée uniquement aux employés du supermarché, cette « carte collaborateur » leur permet de bénéficier d’un bon d’achat de 10 % sur le montant de ce qu’ils achètent dans le magasin. Et comme écrit dans la charte signée par Adélaïde lors de son embauche, elle ne peut servir qu’à des achats personnels, pour elle et pour les membres de son « foyer fiscal vivant sous le même toit ». Or Adelaïde, pour toucher l’allocation logement et payer son studio à Amiens, s’est déclarée seule. Pour la direction du magasin, l’affaire est donc entendue : la mère de l’étudiante, avec ses 30 euros de facture, a perçu indûment 3 euros de bon d’achat. Et Adélaïde, en la laissant utiliser sa carte, même involontairement, mérite non pas un avertissement mais de prendre la porte ! « Quel que soit le montant, à partir du moment où il y a fraude, à partir du moment où il y a indélicatesse, il y a faute grave », tonne Me Doré, l’avocat d’Auchan interrogé dans le Courrier picard.

Mais voilà. Adélaïde n’a pas baissé la tête. L’affaire s’est poursuivie aux prud’hommes et a été plaidée lundi 10 février. « C’est totalement disproportionné, souligne la jeune femme. Il n’y avait rien d’intentionnel et ma mère a agi machinalement. Comme je suis étudiante, elle m’aide beaucoup financièrement, c’est pour cela qu’elle avait ma carte. » Son avocate, Me Virginie Dusseaux, conteste le fond des accusations. « Normalement, on invoque la faute grave lorsqu’il s’agit d’un fait exceptionnel par son préjudice ou de petits faits répétés avec une volonté claire de frauder. Dans notre cas, on parle d’un litige de trois euros qui n’a eu aucun précédent puisqu’Adélaïde n’a jamais fait l’objet du moindre rappel à l’ordre...» Soufflée par cette injustice, l’avocate a décidé de faire une croix sur l’aide juridictionnelle dont elle bénéficie dans cette affaire. « Ce n’est pas à l’État de payer pour la défense d’Adelaïde. »

La décision du tribunal sera rendue le 14 avril. Mais, d’ores et déjà, Auchan amorce un rétropédalage. Il faut dire que les articles de presse se multiplient. Et cette prouesse sociale a de quoi jurer dans un groupe qui a engrangé 47 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier... Le nouveau directeur du magasin de Péronne fait amende honorable. « Le licenciement était disproportionné par rapport à la réalité des faits, a-t-il reconnu la semaine dernière. Le dossier a été mal géré par la personne en place à l’époque. » Après avoir été aux abonnés absents pendant plus d’un an, la direction d’Auchan, sous pression, fait désormais tout pour ne pas se retrouver en tête de gondole des licenciements les plus odieux. Elle se dit prête à réintégrer l’étudiante ou à lui accorder des compensations financières. « Adelaïde, elle, veut surtout être rétablie dans son honneur, assure son avocate, et entendre que son licenciement a été abusif. »



source http://www.humanite.fr le 20 Février 2014





Le: 26/02/14
CAP 2020 La direction a prévu de supprimer 800 postes
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